Article Tsagaan sar vu par un étranger.
par Guy Bourel paru dans l’écho des steppes, Bulletin de l’Amicale des Francophones de Mongolie du 26 mars 2010.
Nul n’est besoin de décrire Tsagaan sar pour celui qui vit en Mongolie depuis quelques années. Il faut expliquer aux néophytes que Tsagaan sar ( mois blanc) est le nouvel an mongol qui correspond sensiblement au nouvel an chinois. Cette date qui se situe à la nouvelle lune de Février correspond au passage de l’hiver au printemps. Cette année (2010) fut les 15,16,17 février.
C’est aussi le changement des habitudes alimentaires, on passe des aliments gris (viandes) aux aliments blancs ( produits laitiers). On profite de cette période pour renouveler son respect aux anciens. Voilà pour le contexte. Pour le détail, c’est assez pittoresque pour un étranger.
Vous êtes donc invités dans la famille de votre petit ami(e) mongole ( si vous en avez une. SI vous n’en avez pas vous eurez toujours un collègue de travail prêt à vous initier).
Ne pas oublier avant de quitter votre appartement:
Votre chapeau ( très important )
Votre khoorog tabatière en général en pierre précieuse contenant du tabac à priser
Quelques billets de banque impérativement neufs de différentes valeurs
Quelques bouteilles de vodka, boites de chocolat ou paquets de bonbons.
Si le “bituun” cérémonie de la veille au soir, ne vous a pas trop épuisé, vous arriverez de bonne heure chez la personne la plus âgée de la famille.
Présentez vous coiffé de votre chapeau et rendez vous les honneurs à la personne que vous visitez. Pour ce faire, vous vous penchez devant la personne à honorer qui reste assise, vous vous délestez d’un billet, d’une bouteille de vodka ou d’une boite de chocolat puis vous placez vos bras pliés sous celle de la personne (en signe de soutien) et vous vous faites l’accolade ( en fait, ce n’est pas une embrassade mais à la mode mongole vous reniflez les joues).
Ensuite vient la cérémonie de l’échange des “khoorog” (tabatière) qui est un signe d’amitié. Le “khoorog” doit se présenter le bouchon légèrement ouvert et le passage de main en main suit un rituel très précis. Pour apprécier le tabac à priser vous avez soit la possibilité de le humer à travers le goulot, soit d’en étendre une mince couche sur votre ongle à l’aide de la petite cuillère solidaire du bouchon et de le renifler.
Attention à la dose, car vous risquez d’expectorer vos sinus en éternuant.
A votre entrée, vous avez remarqué la table chargée de victuailles de toutes sortes : château de pains longs entrelacés recouvert de friandises, plats de riz aux raisons secs, assiettes de macédoine de légumes et de charcuteries, un imposant arrière de mouton cuit et froid (plus la partie grasse est épaisse plus la famille est riche) et surtout une panoplie impressionnante de verres de toutes sortes.
En qualité d’étranger et/ou de copain de votre petite copine, on vous désigne une place d’honneur autour de la table.
Ne vous dérangez pas, on vous servira et quand la tranche de mouton bordée de gras arrivera surtout ne faites pas la fine bouche ça serait mal vu.
Et puis surtout, ne manquez pas les “booz” sorte de raviolis farcies à la viande de mouton et cuites à la vapeur (il n’y a que la vapeur de diététique). Ne vous en faites pas, pour diluer tout ça on vous présentera moult verres de vodka ( en général ce sont des séries de trois,… mais dans de petits verres.
Vous prendrez prétexte de l’arrivée de nouveaux visiteurs pour vous éclipser mais auparavant la personne visitée vous aura elle aussi fait un cadeau (échange de bons procédés).
Fin de la visite.
Et on recommence ainsi de suite d’une maison à l’autre jusqu’à ce que votre estomac rende l’âme.