Chimegmaa ORSOO
Docteur en Sciences politiques DEA Sociologie militaire
Diplômée à l’IEP de Toulouse Chercheuse indépendante
Idéologie et concurrence des valeurs
dans le monde actuel
(Ideologys and Values competition in the present world) écrit le 10.01.2022
Résumé en français : Malgré leurs prétentions d’avoir un projet de liberté, d’égalité pour la société des hommes, le fonctionnement du Système démocratique libéral est arrivé à leur déclin au même titre que le bloc communiste au bout de 30 ans de son victoire sur ce dernier. Mais à présent, ce système rend ses derniers souffles et tente de continuer tant bien que mal sans savoir où il conduit les sociétés. L’erreur principal de ces deux idéologies, c’est le fait d’avoir démantelé les valeurs humaines qui n’ont jamais été dissociés au sein des sociétés ancestrales. Il est donc grand temps que les politologues se mettent au travail pour élaborer un système de fonctionnement plus humain en se basant sur les modèles de fonctionnements qui ont déjà existé au sein des sociétés nomades d’il y a plusieurs siècles.
Résumé en anglais : Despite their claims to have a project of freedom, of equality for the society of men, the functioning of the liberal democratic system has come to an end, just like the communist bloc after 30 years of its victory over the latter. But now, this system is taking its last breath and trying to carry on as best it can without knowing where it is leading societies. The main error of these two ideologies is the fact of having dismantled human values which were never dissociated within ancestral societies. It is therefore high time that political scientists set to work to develop a more humane operating system based on the operating models that already existed in nomadic societies several centuries ago.
Le XX siècle de la société des hommes aurait été dominé par deux doctrines politiques concurrentes dont chacune met en avant une valeur en particulier. Nous avons connu les pays de la planète divisés en deux blocs idéologiques durant la quasi-totalité du siècle dernier. Le bloc communiste considéré comme une dictature bafouant la liberté de l’individu rentre en dualité face à la structure politico-économique liberaliste communément appelée la démocratie qui a réussi à s’imposer comme étant la seule issue possible à la suite de la chute du premier. Ce processus connu sous le nom du « régime démocratique » donne la priorité quasi exclusive de la liberté individuelle face à son concurrent idéologique Communisme convaincu de réussir en faisant la conquête des sociétés des hommes par la valeur morale et éthique.
La chute du mur de Berlin d’il y a 30 ans a marqué la victoire de la doctrine dite « démocratique » qui impose la primauté de la liberté individuelle face à la doctrine qui prône l’éthique morale au détriment de la liberté de l’individu. Ces deux cadres politico-économiques malgré le fait que les deux prétendent représenter le droit humain, la justice, l’égalité, le bien-être de la société des hommes, se rejettent inéxorablement. La doctrine démocratique convaincu du fait que si chaque individu se met à servir pour ses propres intérêts et ses propres droits, la société des hommes fonctionnera correctement, met tout en oeuvre une structure de fonctionnement économique basé sur la réussite des individus en concurrence entre eux. Or à présent, malgré l’inédite multiplication du discours plaisant à propos du droit humain, de l’égalité, de la liberté, malgré les divers attitudes qui tentent de se justifier et les maintes tentatives de réhabiliter (1) le cadre théorique de ce fonctionnement politico-économique actuel dominant, nul ne peut plus nier que l’agonie de ce dernier a suffisamment produit ses effets en particulier pendant ces 30 dernières années. Ce fonctionnement mis à mal depuis un bon bout de temps est arrivé au bout de ses souffles.
Jamais à aucun moment de l’histoire de l’humanité, nous n’avions connu un monde avec autant d’inégalité, de violence sournoise entre autres familiale, de frustration psychologique, d’inquiétude alarmante face au changement climatique, d’épuisement dramatique de la richesse naturelle, de la dégradation brutale des rapports entre les hommes, d’immigration massive des populations et de comportement individualiste de l’Homme dont la seule obsession peut être résumée par la course au pouvoir d’achat de son confort quotidien qui lui attribut le statut d’existence dans la société, par le gain de la rémunération que son emploi lui procure. Sur lesquels s’ajoutent les peurs et les inquiétudes planétaires inédites créées par la pandémie récente suivie du conflit armé dans l’Est de l’Europe. Le système politico- économique d’origine occidentale dans lequel tous les Etats du monde se trouvent aujourd’hui, a été né sur le constat que l’Homme est mauvais et qu’il ne peut se conduire correctement en société que s’il est motivé par ses propres droits et intérêts.
Dès lors, tout phénomène au sein de la société a été conditionné par la multiplication des discours des groupements divers et variés de personnes réunies dans la défense et la mise en valeur de ses droits et intérêts. Tous les sujets de la société ont été mis en opposition les uns contre les autres; en partant du droit des enfants, des femmes, des ouvriers, des patrons, des citoyens contre l’Etat, les exemples étant nombreux. Par la suite, cette mise en opposition conditionne la valeur de l’Homme exclusivement déterminée par le niveau de son revenu que le gain d’argent lui procure. Les temps et les efforts physiques ou intellectuels leur sont soigneusement comptés et rémunérés. Or ce genre de société divisée, démantelée en morceaux ne peut régler aucun de ses problèmes et peut se révéler au fil du temps même dangereux. Car les valeurs ne sont pas associées mais opposées l’une contre l’autre (2) et mises en concurrence. A citer un simple exemple de l’éducation nationale garantie par l’Etat qui fait l’amalgame entre l’éducation et l’enseignement (3) des matières dogmatiques dans la plupart de temps stériles.
Autrement dit, est-ce l’éducation est une valeur ou l’enseignement stérile pratiqué tel qu’il est actuellement, oublié aussitôt après l’examen en est une? Plus précisément, est-ce qu’il est important pour vous que votre enfant devienne une personne responsable, assidue, fidèle à elle même, respectueuse qui mérite la confiance des autres ou bien il est plutôt important que votre enfant apprenne les théories diverses et variées ? J’ose espérer que tous les parents comme moi diront que l’éducation est plus importante qu’un savoir mort qui n’est relié en rien à la vie. Si oui, l’Etat ne peut tromper ses citoyens en leur faisant croire à un concept de l’Education et par conséquent, il ne peut employer ce terme. Malgré le mérite et l’effort conséquent des enseignants, le système éducatif ne reconnait pas la particularité, la personnalité, le talent particulier de chaque élève. Cette « éducation » n’enseigne pas le savoir vivre de base de tout être humain tel que savoir manger, respirer, dormir, se ressourcer dans la nature, être conscient de son pouvoir énérgétique; ce qui donne l’impression que ces savoirs de base ne sont réservés qu’à des thérapeutes spécialisés à la marge de la société. De ce fait, il ne produit que les individus qui doivent apprendre à se conformer à la mise à norme collective(4).
Cette structure pédagogique créée l’usure de tout le monde à commencer d’abord par celle des enseignants. Car dans toutes les cultures sans exception, l’éducation se forge au sein de l’intimité du foyer familial. Mais lorsque l’Etat à travers l’enseignement pédagogique ou dernièrement les boites de films d’animation à destination des enfants deviennent les propriétaires de l’état d’esprit et de leur vision du monde, les écoles deviennent une machine à produire des individus égoistes et narcissiques non reconnus dans leurs talents et leurs particularités personnelles et très souvent, personne ne se sent reconnue dans leurs efforts. Le savoir-vivre de base de tout être humain demeure entièrement inconnu par ce système d’enseignement tout comme le domaine de médecine, droit fondamental du citoyen. Au lieu d’apprendre aux enfants dès leur jeune âge, les bonnes manières de se nourrir en fonction des saisons et d’équilibrer les différents composants du corps pour être en bonne santé, l’Etat continue à multiplier les dispositifs médicaux coûteux qui ne seront jamais suffisants pour la population et cet ensemble du biopouvoir(5) rend les gens de plus en plus malades dont les corps devenus un champ de culture lucrative des industries pharmaceutiques. Ce sont précisément ces frustrations qui créent des divers drames au sein de la société moderne à commencer par des divorces douloureuses de plus en plus nombreuses au fil des années, des procédures judiciaires interminables, de la frustration des hommes et des femmes livrés à eux-mêmes, des enfants très tôt éteints et démotivés, de la violence urbaine de plus en plus marquantes, des individus en solitude de plus en plus isolés au milieu des autres, de l’acculturation, de la dépression et des blessures psychologiques existentielles dans la plupart des cas invisibles.
L’évolution de la société moderne a été un long processus de la libération des contraintes (6). Dès lors, tout ce qui limite et encadre le libre comportement des individus devient une sorte de l’objet de«libération» jusqu’au point de frôler inévitablement, très souvent, l’inacceptable. Au sein des nations dites développées dans la société démocratico-libérale, le plus regrettable est la perte de la tradition et de l’authenticité qui est vu comme un folklore artistique du passé à revisiter. Les traditions ont été réduites dans la plupart des temps à une simple culture de terroir local exotique ou à une spécialité d’autrefois plus ou moins maintenue d’ici et là ou à quelques patrimoines architecturaux qui témoignent le passé glorieux de la bourgeoisie ou de la clergé. L’état d’esprit modelé par un tel système de la liberté individuelle, ne peut être pleinement conscient de la valeur de leurs traditions autrefois riches. Comme ils ne connaissent pas la valeur vivante de leurs ancêtres, ils finissent par adhérer à un faux système d’égalité qui créée, dans la réalité de plus en plus d’inégalité, sont séduits à des beaux discours politiquement corrects tenus par des hommes narcissiques blessés par leur enfance qui n’ont pas été reconnu dans leur besoin d’être reconnu. Ce sont précisément ces hommes là qui deviennent des hommes qui prêtent serment pour « servir à la Nation ».
Ces hommes n’ont, en général, pas beaucoup d’idées de ce qui se passent dans le pays au sein de la population et tentent de régler les divers problèmes soit par la mise en déploiement massif du denier public en espérant que les moyens financiers ou humains régleront le problème, soit par les opérations policio-judiciaires répressives diverses et variées qui ne donnent aucun résultat. Pour tenter de régler les conflits interminables entre les gens, l’Etat adopte sans cesse des divers lois et des règlements, mais leur incohérence fait l’objet de bataille interminable des instances jusqu’au point de créer une multitude de spécialités juridiques dont le but ultime est d’identifier le coupable et de le punir(7), non de remédier à la situation. Un de leurs nombreux problèmes sans solution est l’immigration massive incontrôlable qui conditionne la violence urbaine associée à la criminalité croissante à l’origine de la frustration de la population issue d’immigration qui n’a pas été reconnu dans leur valeur humaine. Dans tous ces pays démocratiques, Tous les citoyens ont peut-être le même droit, mais pas la même valeur. Le droit ne définit pas la valeur. Par conséquent, les membres de la société d’accueil se sentent abusés, finissent par se retourner contre leur valeur initiale d’amour et de partage et se dirigent peu à peu à un besoin de fierté et de repliement sur soi. C’est un phénomène très largement observé dans toutes les sociétés industrialisées qui affichent un taux de PIB le plus riche de la planète. Voici le portrait de l’homme “libéré” contrairement à l’homosovietus bien décrit par les chercheurs occidentaux. Au parallèle, le sentiment d’être abusé est largement partagé auprès des Nations qui ont peu été engagés par un processus de développement économique et dit pauvres, en raison du fait que leurs pays soient massivement pillés en créant un sentiment de perte de la dignité humaine. Entre le sentiment de culpabilité et le besoin de continuer leur façon de vivre, les peuples des pays dits développés tentent de mener des combats humanitaires généreux qui n’ont réglé que quelques problèmes temporaires et superficiels.